Des bols qui racontent des histoires. 2ème épisode

Rédigé par sigolene Prébois

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Publié le mai 27 2021

Toute émerveillée, j’avais poussé la porte des kolkhozes qui produisaient cette vaisselle en série. La porcelaine y était robuste, les couleurs splendides et très soviétiques. Les rouges flamboyaient -vermillon, écarlate, carmin ou brique, chaque bol était différent. Cette gamme de rouges s’éclaircissait ensuite dans les oranges, du capucine au mandarine, dans un contraste infiniment joyeux avec la gamme des bleus.

Bols.rouge.orange.bleu.motif.ouzbek.vintage
Chaque kolkhoze signait sa production d’un symbole tamponné sous le bol. On y voyait parfois l’année de fabrication. A ce jour, j’ai identifié des bols marqués jusqu’à la moitié des années 1990.
tampons.identification.kolkose.soviétique

 

J’ai été surprise de découvrir une vaisselle très ressemblante, originaire des républiques soviétiques Baltes. Par une simple variation de décor -la pomme ou la cerise prenant la place de la fleur de coton, le bol faisait culture locale. L’URSS imposait son goût. Ceci expliquerait pourquoi ces pièces ne sont plus en production aujourd’hui, elles représenteraient un peu trop l’envahisseur honni. Sur des sites russes, on peut encore trouver ces magnifiques services à thé bleu outremer. Mais sont-ils encore fabriqués? Mystère et boule de gomme.

service.thé.fleur.coton.outremer

 

A leur façon, les bols ouzbeks racontent l’histoire de la Russie et de l’Ouzbékistan. Une épopée dans l’industrialisation de la porcelaine, à la fin du XIXè siècle. Quand les grandes manufactures Anglaises, Françaises et Russes se sont tournées vers les nouveaux marchés que représentaient leurs « colonies », en développant des motifs spécifiques sur leurs formes traditionnelles.

 Au Maroc, on trouve  ainsi, des pièces de Sarreguemines ornées de dessins au pochoir d’étoiles à cinq branches et de croissants de lune. Il y a sur ce sujet,  un merveilleux petit livre édité en 2012 chez Khbar Bladna « À voir… des bols » par J. Alluchon et S Peronnet. 

Pour cultiver à mon tour ces légendes, en brouillant la généalogie, j’ai dessiné des modèles « ouzbeks » pour les pièces en porcelaine de la collection Affamée. Chaque assiette et chaque saladier porte le nom de villes (Iskandar, Zarafshan ou Uschquduk) que je suis, hélas, loin d'avoir toutes visitées.

thé.dégustation.dames.ouzbekistan